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Le déprimage est un levier important à actionner en sortie d’hiver sur ses prairies pour optimiser la saison de pâturage à venir. Elle consiste à sortir les animaux sur les prairies dès que celles-ci sont portantes pour leur faire gratter la parcelle. C’est le seul moment de la saison de pâturage où l’on cherche une hauteur de sortie inférieure à 5 cm d’herbe (pour les tours suivants, on cherchera à garder au moins 5 cm de hauteur de sortie, et à laisser plus de hauteur en se rapprochant des mois chauds et secs).

Cette étape offre de nombreux avantages :

  • Consommer l’herbe d’hiver et repartir sur des prairies « propres ». Le déprimage peut aider à contrôler des adventices indésirables.
  • Faire de la lumière pour les légumineuses, le moteur azoté de la prairie et les garantes de rations riches en protéines. En effet, ces dernières sont plus lentes à démarrer que les graminées, et sans déprimage la compétition en début de printemps tourne à l’avantage des graminées qui peuvent étouffer les légumineuses.
  • Dans le cas d’un pâturage tournant, le déprimage permet de créer le décalage de pousse entre les paddocks pour la saison de pâturage et d’avoir toujours de l’herbe à pâturer au stade optimal.
  • Dans une année comme celle-ci, où l’herbe a un peu poussé cet hiver, le déprimage permet de commencer à diminuer les stocks de fourrages distribués.
  • Si l’on déprime de l’herbe suffisamment avancée, les animaux peuvent consommer l’épi dans la gaine des graminées et favoriser les repousses feuillues plus riches et appétentes. On parle alors d’étêtage.
  • Permettre d’entamer une transition alimentaire en douceur si on peut continuer d’affourager les animaux sortis.

Si l’on sort les animaux dès que les prairies sont portantes, il faut tourner assez lentement sur les différents paddocks pour créer le décalage de pousse recherché. L’objectif est d’avoir terminé le déprimage avant le début de la pleine pousse de l’herbe, généralement autour du 15/04 en Normandie. Si l’on veut pousser la gestion du pâturage, on peut calculer le stock d’herbe présent sur chaque paddock, estimer les besoins du lot qui déprime et le nombre de jours que ce lot doit rester sur chaque paddock pour atteindre l’objectif de déprimage, et cela nous renseigne sur les quantités de fourrage à distribuer pendant le déprimage. Le choix des lots devra prendre en compte la rusticité des animaux, leur légèreté pour éviter d’abimer les parcelles peu portantes, et leurs besoins. Le choix de l’ordre dans lequel on déprime les parcelles peut aussi être guidé par leur portance si cela est faisable.

Cette année la météo instable complique la mise à l’herbe à cause d’une portance souvent limitée. Quelques leviers sont possibles :

  • Laisser les animaux quelques heures sur une parcelle plutôt que toute la journée.
  • Réduire le chargement instantané pour le déprimage.
  • Différentier le point d’entrée et de sortie de parcelle.