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Lors d’une journée de formation organisée pour notre groupe d’éleveurs du Pays de Bray, l’agronome Xavier Poux est intervenu pour partager ses connaissances sur l’impact environnemental de l’agriculture et plus particulièrement sur le bilan carbone de l’élevage des ruminants que sont les vaches, les moutons et les chèvres. Parmi les nombreux chapitres de son intervention, l’un d’entre eux propose une manière de voir le bilan carbone de l’élevage d’une façon différente de ce qui est habituellement proposé.

Il existe 3 principaux gaz à effet de serre (G.E.S) issus de l’élevage :

  • le dioxyde de carbone (CO2), surtout issu de la consommation d’énergies fossiles
  • le protoxyde d’azote (N2O), principalement lié à la fertilisation azotée et à la décomposition des déjections
  • le méthane (CH4), lié à la fermentation entérique qui est une étape du processus de digestion des aliments par les ruminants

100 ans après son émission, il ne restera que 0.02 % du méthane émis

Le méthane est un gaz dont la présence dans l’atmosphère a un très fort effet de serre : il « emprisonne » efficacement la chaleur sur Terre. C’est pourquoi on lui attribue un fort Potentiel de Réchauffement Global et qu’il est courant d’entendre qu’il est « 25 fois plus réchauffant que le CO2 ». En réalité, ce chiffre est issu de la construction d’une échelle pour simplifier la contribution des différents gaz à effet de serre. Elle est basée sur la capacité d’un gaz à « emprisonner » la chaleur sur Terre et sur sa durée de vie dans l’atmosphère.

Si l’on s’intéresse au CO2, il reste encore 40 % d’une quantité émise 100 ans auparavant. 1000 ans après son émission, plus de 20 % du CO2 est encore présent. Ainsi le CO2 que nous émettons s’accumule avec le temps : même si nos niveaux d’émissions de CO2 se stabilisent, la quantité de CO2 dans l’atmosphère continue d’augmenter, ainsi que sa contribution à l’effet de serre.

Le méthane, lui, a une durée de vie beaucoup plus courte dans l’atmosphère : 100 ans après son émission, il ne restera que 0.02 % du méthane émis. Ainsi, si nous maintenons un niveau constant d’émission de méthane, le méthane juste émis vient « remplacer » du méthane émis il y a quelques décennies maximum.

Réduire sa dépendance aux énergies fossiles, avant tout !

Cette vision, abordée de manière très superficielle ici, ne vient pas dédouaner l’élevage de tout impact sur le changement climatique, mais invite à la réflexion sur le relatif impact qu’aurait la diminution, voire la suppression, des émissions de méthane liées à l’élevage, en comparaison d’une diminution des émissions de CO2 liées à la combustion d’énergies fossiles. Pour nous, cette façon de voir les choses est venue renforcer une certaine vision de l'agriculture où élevages extensifs et cultures cohabitent dans des systèmes en recherche de toujours plus d’autonomie par rapport aux énergies fossiles.