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Retour sur la sécheresse de cet été et les solutions mises en place à la ferme du Lycée agricole de Brémontier Merval

En juin dernier nous organisions une journée de formation au Lycée agricole de Brémontier Merval pour parler des sécheresses estivales et des solutions pour y faire face. Situé dans le Pays de Bray (Seine-maritime), la ferme de Brémontier Merval est une ferme herbagère bio avec 90 VL sur 120 ha  : 3 ha de méteil orge/pois protéagineux, 12 ha de vergers pâturés (30 à 50 % de la production d’herbe d’une prairie “Classique”), le reste en herbe (65 % PP et 35 % de PT). Les prairies sont gérées en pâturage tournant (paddocks de 1 à 2 jours, de 1.4 ha environ). En plus de l’atelier laitier, la ferme comprend une fromagerie (fabrication de Neufchâtel à partir du lait de la ferme) et une cidrerie.

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Célie Bresson: Comment s’est passé l’été à Brémontier Merval?

> Bertrand Cailly : Depuis juin, on a quasiment pas eu de pluie : 12 millimètre début juillet, puis du sec jusqu’à cette semaine (pour repère, cet entretien a été fait la semaine du 17 août). On était content de voir la pluie revenir cette semaine. On a réussi à tenir jusque là quasiment sans affouragement. On a juste mis un peu d’enrubanné la dernière semaine pour se sécuriser d’ici que la pluie arrive (environ 3-4 kg de MS/vache pendant 4-5 jours). Aujourd’hui on est environ à 23 jours d’avance pour les vaches, donc il était temps qu’il pleuve !

CB : Pendant la formation de juin tu nous as parlé de tes prairies multi-espèces, stocks sur pied et agroforesterie. Que retiens-tu de ces différentes solutions, suite à cet été sec? 

IMG 2796BC : Les prairies multi-espèces ont eu chacune des comportement différent. Le mélange luzerne, trèfle violet associés avec des graminées a permis une bonne pousse, mais fournit une ration avec peu d'énergie. La parcelle avec de la chicorée a permis deux passage depuis fin juin, ce n’est pas rien ! Ca ne représente pas de grosses quantités de fourrage, mais c’est vert et ça pousse. On a re-semé sur 3 ha (après méteil) un mélange dactyle, fétuque élevée, fétuque des prés, fléole, avec beaucoup de lotier (3.5 kg), du trèfle blanc géant, de la luzerne et du plantain. On a pas mis de chicorée, pour éviter la contrainte de son cycle rapide.

Concernant les stocks sur pied, on en fait sur 22 ha et on a commencé à les faire pâturer en juillet (lorsqu’il a commencé à faire très sec). Grâce aux stocks sur pied nous avons pu passer cette période sans affourager, en revanche les stocks sont manquants (30 à 40 % de moins que l’an dernier). Nous allons continuer à faire des stocks sur pied l’année prochaine (peut-être même plus), en espérant en faucher en stock hivernal s’il y a des pluies…

On est aussi satisfait de nos parcelles en agroforesterie qui ont permis d’aller chercher du frais pour les vaches, tout en fournissant de l’herbe. 

 

CB : Et pour les stocks, comment ça s’annonce? 

> BC : On a dû délocaliser les génisses pour les mettre dans des parcelles qui auraient dû être fauchées, car la prairie permanente où elles étaient ne poussait plus en juillet. Ca fait donc du stock en moins. Au total, on a 30% de stocks de moins aujourd’hui par rapport à ce qu’on avait l’année dernière à la même époque. L’année dernière on avait eu des pluies en juin, ce qui nous avait permis de faire du stock, mais à contrario l’automne a été sec et on a du affourager… J’ai quand même racheté du stock début juillet pour me sécuriser (environ 10-15% de stock supplémentaire, et on a mis une option sur un autre lot de 100 ballots de foin, selon la pousse d’herbe cet automne et les besoins en affouragement). 

Mais là avec les dernières pluies, ça repousse. Si on a encore de bonnes pluies et que l’automne nous offre un 2e printemps, on n'exclut pas de refaucher pour refaire des stocks. 

CB : Et pour la suite? Quels sont tes prochains objectifs?

> BC : On va chercher à mieux maîtriser le renouvellement. On a gardé toutes les femelles depuis 2 ans, mais maintenant on essaye de ne garder que notre besoin en renouvellement. L’objectif est de garder que ce qu’il faut et diminuer le chargement (on vise 1.1-1.2 UGB/ha, sachant qu’on part de 1.3 UGB/ha).

Et si on en a la possibilité, on aimerait trouver 10-15 ha de prairies pour de la fauche. Pourquoi pas des prairies un peu loin (20 km), pour qu’elles soient sur un autre terroir, avec des conditions climatiques qui peuvent être différentes de celles qu’on a sur la ferme.