Crédit photo : © Label Haie
Label Haie : deux exploitations, deux approches, un même engagement pour préserver le bocage normand
Dans un paysage agricole en transition, les haies bocagères reviennent sur le devant de la scène. Multifonctionnelles, elles protègent les sols, régulent l’eau, abritent la biodiversité… et peuvent aujourd’hui être valorisées via le Label Haie. Deux témoignages d’éleveurs illustrent la diversité des approches possibles pour s’engager dans cette démarche.
Deux contextes, deux leviers pour agir
Dans la Manche, Michael Coulmin, producteur de lait bio en système tout herbe sur 49 hectares, s’est engagé dans le Label Haie en 2022 dans le cadre d’un contrat de Paiement pour Services Environnementaux (PSE). Avec l’accompagnement du Syndicat d’Eau du Nord-Ouest Mayennais – Eau potable (SENOM), il valorise 4 km de haies et reçoit une rémunération de 80€ / 100 mètres linéaires, tout en s’inscrivant dans une dynamique territoriale de préservation de la ressource en eau.
Dans le bocage ornais, le GAEC de la Planche, constitué de quatre associés — Gérard, Samuel, Aymeric et Laurence —, élève des vaches laitières et à viande en système tout herbe, avec un Vêlage Groupé de Printemps (VGP). Engagés depuis plusieurs années dans l’agroécologie, avec 10 km de haies plantés en 10 ans, ils ont obtenu le Label Haie, ce qui leur permet de bénéficier du bonus haie via la PAC. Ce label leur permet également une reconnaissance de leur travail et une plus-value sur la revente de copeaux.
Des pratiques exigeantes, mais encadrées
Malgré des contextes différents, les deux exploitations ont suivi des démarches similaires :
- Réalisation d’un diagnostic technique
- Élaboration d’un plan de gestion des haies personnalisé
- Accompagnement par un technicien
Quels changements concrets sur le terrain ?
- Recul des clôtures pour éviter la dégradation des plantations et faciliter leur entretien
- Taille raisonnée : suppression de l’épareuse pour l’entretien du haut des talus, recépage manuel
- Entretien différencié : conservation des ronces, du lierre, gestion douce des talus
- Suivi annuel et formations accessibles
Des bénéfices visibles… au champ comme à la ferme
Les deux exploitants soulignent des effets directs sur leur exploitation :
- Haies plus résilientes, capables de se régénérer naturellement
- Refuge pour la biodiversité (oiseaux, insectes auxiliaires, petits mammifères)
- Protection des parcelles contre le vent, l’érosion et les ruissellements
- Ombrage naturel pour les troupeaux et amélioration du microclimat
Sur le plan économique, les deux démarches sont également valorisables :
- Via un bonus PAC (GAEC de la Planche)
- Ou par un paiement à l’entretien dans le cadre d’un PSE (cas de Michael Coulmin)
- Avec en prime une plus-value sur la vente de bois déchiqueté pour ceux qui valorisent les haies comme ressource
Exigence, mais pas obstacle
Le Label Haie demande rigueur et implication, mais les deux témoignages s’accordent : l’accompagnement est la clé. Grâce au soutien de structures locales comme le SENOM ou la SCIC Bois Bocage Énergie, les démarches sont rendues accessibles, même pour des exploitations aux moyens humains limités.
La reconnaissance du label par les consommateurs reste encore timide, mais les agriculteurs commencent à communiquer davantage sur cette dimension dans leurs réseaux.
Le mot des agriculteurs : s’y engager, c’est aussi faire réseau !
« Ne vous lancez pas seul. Faites-vous accompagner par un syndicat ou une SCIC, c’est la clé pour démarrer sereinement. »
– Michael Coulmin, éleveur bio dans la Manche (PSE)
« Plus on est nombreux, mieux les haies seront préservées et plus le label gagnera en visibilité. »
– GAEC de la Planche, bocage ornais (bonus PAC)
Tous deux envisagent de poursuivre ou d’élargir leur engagement : que ce soit par de nouvelles plantations, des échanges entre pairs ou des formations, le Label Haie devient un levier structurant de leur démarche agroécologique.
