Panse Bête n°13 : en direct des prairies !

 

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Panse Bête n°13

Voici la lettre d'information co-rédigée
par les Défis Ruraux et le GRABHN.
Informations techniques et témoignages sont au menu.

Bonne lecture !

 

Marjolaine Huguet & Joseph Duhamel, conseillers élevages au GRAB HN
Coralie Henke & Bertrand Farrié, animateurs systèmes herbagers aux Défis Ruraux

 
 

Nos éleveurs témoignent

 

♦ Jean-Jacques SOUDET
50 vaches normandes
Maulévrier-Sainte-Gertrude (secteur Caudebec-en-Caux/Yvetot).
Système de polyculture-élevage avec 60 ares/VL accessibles au pâturage. Passage en bio depuis le 15 mai 2016
(Témoignage du 17 juin 2016)

Vaches normandes« Cette année, j’ai sorti mes vaches fin février pour faire le déprimage (1er tour), c’est la portance qui m’a décidé. A cette période les vaches ne sortaient que l’après-midi et elles passaient plusieurs jours sur la même parcelle pour gratter très ras (3 cm). Parfois j’ai dû stopper le déprimage à cause des conditions météo. Le 18 avril, les VL sont sorties jour et nuit, car la pousse commençait à démarrer et je n’avais toujours pas terminé le 1er tour, mais toujours avec du maïs et du correcteur à l’auge. J’ai commencé le 2e tour début mai quand la pousse a vraiment démarré, après 2 mois de déprimage. Depuis, le silo est fermé et j’apporte seulement 500 gr d’orge/VL/jour. Aujourd’hui je suis un peu débordé par l’herbe car la pousse a été très brusque. Alors j’ai débrayé des parcelles destinées au pâturage, et fait pâturer des parcelles moins avancées qui devaient être initialement fauchées. »

Guillaume EUDIER
80 vaches Prim'Holstein pour 650 000 litres de lait
Hautot-Saint-Sulpice (Pays de Caux)
Polyculture-élevage avec transformation et vente directe à la ferme (Témoignage du 30/06/16)

holstein« En ce moment, l'alimentation est composée à 90 % d'herbe pâturée et 10 % de maïs ensilage auquel je rajoute 3 kg de maïs grain humide et 2 kg de correcteur azoté. Comme nous avons été un peu dépassés pas l'herbe, les vaches pâturent une herbe avancée en stade et pas trop lactogène donc on va descendre à 80 % d'herbe pâturée, d'autant plus que les taux décrochent depuis un mois (TP 31,5/TB 37) et les excédents seront récoltés en enrubannage. On est des convaincus de l'herbe, donc nous voulons bien valoriser les 55 ha d'herbe mais nous gardons toujours une base de maïs ensilage dans la ration au printemps car cela nous laisse la possibilité d'augmenter rapidement la part de maïs. Pour moi, la combinaison herbe/maïs est idéal et me permet une production autour de 28 kg/j (contrôle du mois de juin) »

 

"Bonne nouvelle, j'ai des refus au pâturage, je vais pouvoir gagner plus d'argent ! "

Depuis quelques semaines, les graminées épient et des refus apparaissent dans les pâtures. C’est une bonne nouvelle, car les refus indiquent visuellement qu’il y a des marges de manœuvres pour faire mieux. Alors on va pouvoir s’améliorer encore pour baisser son coût de production et faire face au prix du lait toujours en baisse.

 

Faucher ou broyer les refus = ANTI-ECONOMIQUE

Gérer des refus est couteux en mécanisation et en temps de travail. Eviter les refus est économiquement le meilleur moyen de les gérer. Pour cela, les animaux doivent bien gratter leur parcelle avant de passer à la suivante. Pour des vaches laitières, on peut se fixer un objectif visuel : les refus doivent être entamés (le dessus des touffes est cisaillé). Ce type de pâturage « ras » permet de faire taller les graminées pour assurer une bonne couverture du sol. En revanche, il ne faut pas se laisser attendrir par les vaches qui réclament pour changer de paddock : « c’est qui l’patron ? ».
Dans ce cas, une baisse de production laitière d’environ 10 % est souvent observée le dernier jour de pâturage d’un paddock. Mais cette perte est à comparer au coût d’un broyage.

 

Par exemple, pour 1 passage des 50 vaches dans 1 paddock de 2 ha :

PRODUIT EN MOINS

Lait payé 330 €/1000 litres Lait payé 430 €/1000 litres
Perte 10 % production laitière le dernier jour, soit 2 litres pour une vache à 20 litres/jour Avec  50 vaches sur 2 ha :
50 VL x 2 litres = 100 litres
à 330 €/1000 litres
15 €/ha en moins
Avec  50 vaches sur 2 ha :
50 VL x 2 litres = 100 litres
à 430 €/1000 litres
20 €/ha en moins
CHARGES EN MOINS
Passage broyeur + tracteur + main d’œuvre

50 €/ha, d’après barème des CUMA

50 €/ha  en moins

50 €/ha, d’après barème des CUMA
50 €/ha  en moins
SOLDE 35 €/ha en plus par passage 30 €/ha en plus par passage

 

Ce gain est à multiplier par le nombre de fauches de refus dans l’année : pour 2 fauches, le gain est de 60 à 70 €/ha/an.


Faire suivre les laitières par des animaux à faibles besoins
Pour éviter une baisse de la production laitière, on peut faire consommer les refus par des génisses ou des taries. Ce type d’organisation demande de disposer de bonnes clôtures pour que les lots d’animaux ne se mélangent pas. Mais aussi de bien maîtriser le pâturage : gare au temps de présence trop long qui pénalise la repousse (maximum 3-4 jours/parcelle).
Par ailleurs, cette organisation impose d’avoir suffisamment de surfaces accessibles pour garder les génisses et taries proches de la salle de traite. C’est rarement le cas.
Cependant, quand on fait pâturer des génisses sur des parcelles proches de la salle de traite, on allonge le temps pour aller chercher les vaches…

 

Le pâturage tournant dynamique (PTD)

 

Techno-grazing, pâturage cellulaire, pâturage de précision, pâturage tournant dynamique… Toutes ces appellations désignent une même technique de pâturage arrivée tout droit de Nouvelle-Zélande. Elle est basée sur les principes d'un pâturage tournant rationalisé. Petite explication sur cette méthode en vogue, inspirée des travaux du normand André Voisin.

 

Une technique similaire au pâturage tournant

L'objectif du Pâturage Tournant Dynamique (PTD) reste le même que celui recherché dans un système de pâturage tournant classique : pâturer en permanence une herbe abondante et de qualité. Pour celà, il faut profiter au maximum du phénomène de flambée de croissance décrit il y a déjà bien longtemps par André Voisin.
Cependant, en PTD, on va réduire la taille des paddocks de manière à augmenter le chargement instantané pour réduire le temps de présence dans chaque paddock. Bien que les temps de présence puissent aller jusqu'à deux jours, dans la majeure partie des cas, le système de pâturage est construit pour que chaque paddock corresponde à une journée de pâturage (voire même 12 h dans certains cas). En chiffre, cela correspond à peu près à des paddocks de 1 are / UGB.

 

paturageEstivalConduire un système de PTD

Dans un système de pâturage tournant classique, les hauteurs d'entrée et de sortie des paddocks ont une importance capitale. Ce sont ces deux critères qui vont permettre à l'éleveur de piloter le pâturage, de s'assurer que les temps de repos sont respectés et d'adapter la surface disponible pour les animaux.
En PTD, les hauteurs d'herbe deviennent secondaires. Bien-sûr, il est nécessaire de continuer à garder un œil dessus pour s'assurer de la qualité de l'herbe pâturée mais c'est surtout le temps de présence par paddock qui guide les entrées et sorties de parcelles. De fait, plusieurs éléments sont déterminants pour assurer la réussite du PTD :

  • La mise en place du système doit être bien réfléchie en amont. Déterminer la taille et le nombre des paddocks pour un pâturage de 24 h nécessite de bien connaître le comportement de ses prairies.
  • Un suivi de calendrier de pâturage rigoureux. Une fois le temps de présence par paddock fixé, plus question de déroger à la règle sous peine de déstabiliser l'ensemble du système.

Bien-entendu, comme dans le pâturage tournant, il faut faire preuve d'une grande adaptabilité pour gérer les variations de pousse de l'herbe au cours de la saison. Lorsqu'elle ralentit, il est nécessaire de réduire le chargement pour ne pas détériorer la prairie. Pour cela, deux solutions sont possibles :

  • Augmenter la taille des paddocks. On peut doubler la surface des paddocks en été, mais cela implique d'avoir prévu un système assez simple pour déplacer les clôtures rapidement.
  • Diminuer le temps de présence. On passe alors sur des paddocks 12 h au lieu de 24 h. Cette solution implique des changements de parcelles plus fréquents.
  • Évidemment, comme dans le pâturage tournant, certains paddocks pourront être débrayés au printemps pour la fauche et ré-intégrés par la suite pour allonger les temps de retour sur chaque paddock.

Pourquoi faire du PTD ?

Pour certains, le PTD est un moyen de simplifier la conduite du pâturage. Le fait de déterminer à l'avance un temps fixe de présence par paddock permet d'éviter de se creuser la tête pour savoir quand rentrer et quand sortir des parcelles.

Outre cet intérêt pour l'organisation du travail, le PTD présente des avantages pour la prairie et les animaux :

  • Avec un chargement instantané très fort, on réduit de façon très importante les comportements de tri par les animaux. Le pâturage homogène ainsi obtenu permet de réduire de manière conséquente les refus qu'il est parfois compliqué de gérer.
  • Le temps de présence très court dans les paddocks limite le piétinement et favorise le pâturage en conditions humides.
  • Des études ont montré l'influence du temps de présence des animaux dans une parcelle sur la quantité d'herbe ingérée. Dans un pâturage plusieurs jours, elle a tendance à décroître au cours du temps. Avec un pâturage 24 h, on renouvelle chaque jour l'intérêt des animaux pour une herbe fraîche, ce qui permet d'obtenir une ingestion stable des animaux et de lisser la production laitière quotidienne.

 Image1

  • Si le PTD ne semble pas augmenter de manière significative le rendement des prairies par rapport au pâturage tournant classique, il semble cependant avoir un effet sur la valorisation de la biomasse par le pâturage. Il permet de maximiser le pâturage et de réduire la fauche des excédents.

 

 Image2

 

 

  • Enfin, cette technique permet une meilleure répartition des éléments fertilisants sur la prairie à chaque tour de pâturage

Qu'est ce qu'on y gagne ?

Au final, le PTD relève plus d'un pâturage tournant poussé au maximum que d'une réelle révolution dans la manière de faire pâturer ses prairies. S'il apporte des bienfaits indéniables, sa mise en place reste plus lourde et plus chère. A chacun de se faire son avis…

 

PTD vs Pâturage tournant

AVANTAGES INCONVÉNIENTS
Pâturage homogène Mise en place plus lourde et plus chère
(clôtures, abreuvoirs, chemins)
Meilleure répartition des déjections animales Dimensionnement des paddocks
selon le comportement des prairies
Gestion des refus facilitée  
Moins de surface récoltée  


Trucs et astuces

Moins de diarrhées avec le lait yaourtisé !

 

Pour simplifier l’alimentation des veaux, des éleveurs utilisent la technique du lait-yaourt. Avec de faibles investissements elle permet un gain de temps et une diminution des diarrhées alimentaires.
Le lait-yaourt est un lait cru fermenté grâce à des bactéries lactiques apportées par des yaourts. On obtient ainsi un produit prédigéré destiné à l’alimentation des jeunes veaux.
La prédigestion du lait facilite le travail de la caillette. Par ailleurs, la présence de bactéries lactiques dans le lait permet un ensemencement du tube digestif et évite ainsi l’installation de bactéries pathogènes.

 

Quel lait utiliser ?

  • Lait entier non commercialisable (colostrum, lait chargé en cellules) : oui
  • Lait de vaches malades (mammites,  etc.) : à éviter

Comment réaliser et gérer la fermentation ?

  • Jour 1 : Mélanger 4 yaourts pour 10 litres de lait et laisser fermenter 24 h à au moins 15°C.
  • Jour 2 : Verser le mélange dans la cuve de fermentation et y ajouter la quantité de lait nécessaire à l’alimentation des veaux pour une journée. Laisser fermenter 24 h.
  • Jour 3 : Distribuer le lait fermenté aux veaux en conservant un fond de cuve. Ajouter la quantité de lait nécessaire à l’alimentation du lendemain dans la cuve et laisser fermenter.
  • Et de même les jours suivants.

Le volume du fond de cuve est à ajuster selon la température :

  • 20 % du volume total à 15°C
  • 30 % du volume total à 12°C
  • 10 % du volume total à plus de 20°C

La cuve doit être nettoyée régulièrement.

 

Une distribution facilitée.
Avec cette technique, une seule distribution par jour est suffisante et elle peut être déconnectée de la traite. En général, le lait est versé dans des bacs collectifs à tétine. Dans certaines exploitations, les éleveurs ont même installé un système de pompe qui permet d’amener directement le lait dans le bac de distribution. Ils estiment que faire boire 40 veaux ne prend que 15 minutes chaque jour.

 

 

Crédits photos : R. Lemonnier.

 
 


 

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