Résumé de la présentation réalisée par Jean-Paul Thorez, naturaliste et administrateur des CIVAM normands, lors d’une formation sur la plantation de haie.
Les haies contribuent au maintien de la biodiversité végétale et animale tout comme les mares, les prairies, les bosquets ou les vergers. Elles restent des éléments fixes dans le paysage et peuvent ainsi servir de refuge, de nourriture, de lieu de circulation et de reproduction pour la faune et la flore tout au long de l’année. Du point de vue de la biodiversité, la spécificité de la haie tient aussi à sa structure de « forêt linéaire » produisant une grande longueur d’interface entre deux milieux. Appelée écotone, cette zone de lisière est très riche en biodiversité fonctionnelle car elle héberge des pollinisateurs et des auxiliaires des cultures.
Plus la biodiversité est importante, plus les chaînes alimentaires complexes permettent de stabiliser les populations des ravageurs comme des auxiliaires.
{sliders=Des auxiliaires cachés dans les haies||noscroll|closed}
Les exemples sont nombreux !
Le puceron du sureau, parfois pris à tort pour un ravageur des cultures, est en fait spécifique du sureau. Ce puceron assure la présence, dans la haie et aux alentours, de petites guêpes parasitoïdes s’attaquant aux pucerons, notamment ceux présents sur les plantes cultivées.
D’autres auxiliaires nichent dans les tiges creuses du sureau et seront prêts à intervenir dans les cultures lorsque les pucerons, chenilles et autres ravageurs y apparaîtront.
Puceron du Sureau et Pemphredon, guêpe solitaire qui chasse les pucerons.
En conditions expérimentales sur blé, la suppression des auxiliaires induit une multiplication par 10 du nombre de pucerons.
Les ravageurs du colza ont également leurs ennemis naturels dans les haies :
- Les guêpes parasites s’attaquent aux méligèthes, altises d’hiver, charançons du bourgeon terminal, charançons de la tige du colza et du chou.
- Les Chrysopes, coccinelles, syrphes et anthocorides prédatent les pucerons.
- Les carabes et les pinsons en fin d’hiver s’attaquent aux altises.
Les carabes, et mammifères insectivores ingèrent les limaces.
Carabe.
De même, les rongeurs parfois problématiques en prairies trouveront leurs prédateurs dans les haies, notamment si elles comportent de grands arbres. Citons la buse, le hibou moyen-duc, les faucons crécerelle et hobereau, le renard, la belette, la fouine…
{slider=En verger|noscroll|closed}
En verger, les compositions de haies sont nombreuses et ont été bien étudiées. Citons parmi les essences les plus précieuses l’aulne qui contribue à la protection contre l’araignée rouge en hébergeant son prédateur, la punaise Miride. De plus, il enrichit le sol en azote. On évitera les essences appartenant à la famille des Rosacées à cause du risque de feu bactérien sur poirier. On pourra aussi s’équiper de nichoirs à mésanges, très efficaces contre pucerons et chenilles.
{slider=Quelle densité de maillage pour une efficacité des auxiliaires ?|noscroll|closed}
Il n’y a pas de règles établies en la matière, mais les résultats d’expériences et les capacités limitées de déplacement des insectes « marcheurs » amènent Jean-Paul Thorez à suggérer une distance entre les rideaux arborés de l’ordre de 150 m.
Les caractéristiques d’une bonne haie biodiversité :
- Plusieurs strates : arborée, arbustive et herbacée.
- Présence de vieux arbres.
- Connexion avec d’autres haies.
- Essences locales et variées.
- Floraisons réparties sur l’année.
- Essences en partie à feuillage persistant (pour l’abri) et produisant des baies pour l’alimentation hivernale des oiseaux.
- Arbustes à tiges creuses ou remplies de moelle pour les insectes.
{slider=Le « TOP 10 » des essences pour la biodiversité !|noscroll|closed}
- Charme
- Tilleul
- Buis (floraison précoce, feuillage persistant)
- Cornouiller sanguin
- Bourdaine
- Noisetier
- Lierre -> Persistant, floraison tardive, baies = abri + nourriture. Et contrairement à l’idée reçue, il ne nuit pas aux arbres supports, hormis pour la prise au vent. Il faut le contrôler en hauteur !
- Sureau noir -> tiges creuses, fleurs et fruits, auxiliaire contre les puceron (Pemphredon)
- Viorne obier
- Aulne glutineux -> protection du verger, héberge le prédateur de l’araignée rouge, enrichi le sol.
Sans négliger les implantations spontanées : églantier, aubépine…
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