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robotL’installation d’un robot de traite est souvent accompagnée de la réduction voire de l’arrêt du pâturage, car les vaches doivent avoir accès en permanence au robot. L’agrandissement des troupeaux et la fragmentation du parcellaire limitent donc souvent les possibilités de pâturage. Par ailleurs, dans l’espoir de rentabiliser plus vite le robot, de nombreux éleveurs pensent qu’il faut produire le plus de lait par vache possible… d’où la recherche d’une fréquence de traite élevée, et l’augmentation de la consommation de concentrés pour attirer les vaches au robot.

Cependant, il est possible de faire différemment, et d’adapter la traite robotisée aux systèmes de production de lait avec pâturage. On constate notamment que les élevages robotisés les plus pâturants dégagent la meilleure rémunération du travail, car le coût fourrager et le niveau de concentrés sont plus faibles (notamment azotés). Ainsi, le volume de lait produit/UMO est plus faible en système pâturant (-10 000 à – 113 000l/UMO), mais le revenu disponible aux 1000 litres est plus élevé (+19 à +44€/1000 litres). Le revenu total disponible/UMO est donc supérieur (+ 6 400 à + 13 400 €/UMO) avec le pâturage (dans les 8 bases de données synthétisées par M. Landais).

Comment concevoir un système très pâturant en traite robotisée ? 

Différents modes de gestion du pâturage pour limiter le travail : d’une à trois parcelle(s) par jour

Pour fluidifier la circulation des vaches sans devoir les ramener régulièrement au robot, il est possible de jouer sur la gestion des parcelles. Avec deux ou trois paddocks par jour, gérés au fil avant, le fait d’offrir de l’herbe fraîche aux animaux les incite à quitter la parcelle pour se rendre d’eux-mêmes dans la suivante, en passant par le robot ou par une porte de tri.

batiments et paddocks 

Exemple d’organisation du bâtiment et des paddocks, Ferme expérimentale de Trévarez en Bretagne

 

 Le fil est avancé d’une moitié de ration journalière (ou d’un tiers en 3 paddocks) dans chaque parcelle. L’accès aux parcelles est limité par des barrières horaires gérées par la porte de tri. Plusieurs organisations sont possibles :  

autorisations de traites

Source : Concilier traite robotisée et pâturage, V. Brocard.

Le système avec 3 paddocks par jour est quand même complexe à gérer, comme en témoigne les essais menés en 2016 à Trévarez en Bretagne. Et il est aussi possible de « remplacer » l’un des paddocks par une distribution à l’auge, selon l’accessible et/ou l’herbe disponible.

L’eau dans les parcelles ne nuit pas à la fréquentation du robot, et elle est importante dans les parcelles éloignées et par fortes chaleurs. Si toutes les parcelles ne sont pas équipées d’abreuvoirs, les animaux reviennent boire au bâtiment : dans ce cas, attention à éviter le point d’eau unique près du robot.

Il est possible de réduire fortement le coût des concentrés

Le concentré « spécial robot » n’est pas obligatoire, et il est possible d’utiliser les céréales de l’exploitation, à condition d’éviter la poussière (aplatissage, mélasse, etc). Mais il est aussi possible de ne distribuer que 0,5 à 1 kg de concentrés par jour, car ce n’est pas l’unique source de motivation pour faire circuler les vaches. Offrir de l’herbe fraîche grâce au fil avant (50 % de la ration pâturée) permet d’inciter les vaches à retourner au robot pour accéder ensuite à la suite de leur repas dans une autre parcelle (les 50 % restants).

Raisonner « lait par stalle » plutôt que « fréquence de traite »

Lors de l’installation d’un robot, les éleveurs cherchent à augmenter la fréquence de traite, car certaines expérimentations montrent une corrélation positive entre la fréquence de traite et la production laitière. Cependant, d’autres essais menés dans le cadre du programme européen AutograssMilk en système pâturant et économe en concentrés démontrent le contraire. 

Par exemple :

  • En Irlande en système très pâturant avec 0,5 kg de concentrés/VL/j, fixer les autorisations de traite à 8h ou 12h (3 ou 2 traites possibles par jour) n’a pas entraîné d’écart significatif sur la production : respectivement 18,5 et 19 kg lait/VL/j. 
  • En Nouvelle-Zélande, en 100 % pâturage et 1 kg de concentrés, la production laitière était de 23 kg/VL/j, que les autorisations de traite soient de 6h (1,9 traites/j) ou de 12h (1,4 traites/jour). Réduire la fréquence de traite a donc peu ou pas d’impact négatif sur la production laitière, sauf pour les vaches en début de lactation (2-3 premières semaines). 
  • Sur la ferme expérimentale de Trévarez en Bretagne, en 2019, les vaches ont été en ration herbe plat unique avec 0,7 kg/VL/jour de concentré au robot. Grâce à cette alimentation, sur les 2 premiers mois, les vaches ont produit en moyenne 19,3 kg de lait avec 1,7 traite par jour.   
  • La capacité de la stalle (150 traites/j) incite les éleveurs à essayer de maximiser la production/vache et la fréquence de traite. Mais pour saturer un robot, il est aussi possible d’accepter de réduire la fréquence de traite et d’augmenter la taille du troupeau. C’est notamment le cas sur la ferme expérimentale de Moorepark en Irlande : 95 vaches à 1,5 traite/jour, en 100% pâturage et 1kg de concentrés/j.

Il s’agit en effet de trouver la combinaison la plus rentable pour maximiser le revenu/UTH (notamment en maîtrisant le coût alimentaire), et pas uniquement le volume produit.


Pour aller plus loin, et en images :

  • "Concilier traite robotisée et pâturage : retour sur les travaux du CASDAR Robot et pâturage", Valérie Brocard, Institut de l’Elevage. A lire ici
  • “Robot et pâturage, du projet aux résultats”, Chambres d’agriculture de Bretagne et Institut de l’Elevage. A lire ici

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